Vent des lanternes
Peuchmaurd PierreÉditions Courantes
haïku
ISBN : 978-2-913751-53-8 / 9 €
9,00€
« Quelle autre forme poétique mieux que le haïku peut traduire ce vertige de la sensation que rien n’encage, n’attrape, rétive à toute expression, ou du moins à toute assignation de sens ? Faut-il parler à son propos de vision intérieure, de phrase prosodique suffisamment brève pour qu’elle se garde en tête, ou encore de voix en soi, pour soi, livrée et reprise à temps, avant que le poème, larguant les amarres, en passe par le risque de quelque épreuve, s’autonomise en quelque sorte, pour le meilleur et pour le pire ? Ou mieux est-il le haïku si proche de la sensation, de ce qui s’oublie, l’air qui ne peut s’oublier ?
Dans un beau recueil, Vent des lanternes, Pierre Peuchmaurd (1948-2009) laisse entendre ce ravissement où se croise tout un monde, convié et congédié en un éclair :
Elle ne baisse pas
avant de s’éteindre,
l’éternité
Le paradoxe étant que le haïku distille sans compter la prodigalité de l’univers de ce poète :
Boiteuse
comme un vieux pirate
la chouette du grenier
—
Lisière rouge –
le soleil
a saigné sur les bois
—
Appel des chiens,
aboiement du renard, lunes
Dormir sans toi
—
Libellule rouge
une fois seulement
La vie sans ailes
Même l’écriture qui délimite, assigne à existence, ne peut y être exclusive, de quelque manière :
L’aube et la sirène des pompiers –
nous vivons
dans ce monde, pas ailleurs »
2014 – 48 p. assemblées en cahiers cousus, sous couverture à rabats – 11 x 17 cm Pierre Peuchmaurd
par Patrice Beray, Mediapart – Blog Inspire, ce n’est rien, 10 mai 2014