« De la douzaine de récits de voyage aux quatre coins du monde qui ont fait d’Isabella L. Bird (1831-1904) l’une des voyageuses les plus célèbres de son temps et de l’histoire, un seul était, à ce jour, disponible en français. La présente traduction répare une singulière injustice en même temps qu’elle confirme l’intérêt accru, en France, pour la littérature de voyage au sens anglais du terme.
Si l’on excepte le voyage qu’elle entreprit en Amérique du Nord dans sa jeunesse, Isabella Bird ne devint voyageuse que passée la quarantaine. Auparavant, quasi invalide, vieille fille, elle s’occupa de ses parents puis de sa sœur. À la mort des premiers, les médecins ayant recommandé le voyage comme remède à ses problèmes de dos et, sans doute, à son état semi-dépressif, elle parcourt le monde (Australie, Hawaï, États-Unis, Japon, Chine, Vietnam, Singapour, Malaisie) de 1872 à 1880, jusqu’à la mort de sa sœur Henrietta. Alors seulement, profondément affectée, elle accepte, à cinquante ans, d’épouser John Bishop, un médecin d’Édimbourg qui la courtisait depuis de nombreuses années, et semble enfin s’assagir. Le voyage au Tibet en 1889 est le premier de la seconde série de voyages qu’elle fera, essentiellement en Orient et en Extrême-Orient, entre la mort du docteur en 1886 (la vie conjugale n’aura duré que cinq ans à peine) et sa propre mort en 1904. La voyageuse intrépide qui part à la conquête de l’Himalaya et des zones les plus reculées du Ladakh dans Chez les Tibétains, est donc une femme de cinquante-huit ans ! »
Extrait de la préface de Jean-Yves Le Disez