“Le poète n’est rien.
Ce qu’il cherche est tout.”
Né le 14 avril 1890 à Montdidier dans la Somme, il meurt le 19 mars 1960 au même endroit, dans ce village détesté, le lieu de ses humiliations. Derrière ces dates, il y a la brûlure de la vie d’un homme arc-bouté contre l’injustice, avide de savoir et sauvé, transfiguré par la poésie qu’il découvre à 40 ans devant la devanture d’un libraire – José Corti-, où était exposé un poème d’Éluard. Avant cette violente conversion, il n’y a qu’une vie blessée dans les bagnes industriels. Esclave à 12 ans de cet enfer des usines, il s’enfuit en s’engageant volontairement dans la Marine de guerre. Il rejoint Toulon en traversant à pied toute la France. Là, dans cet autre enfermement, volontaire, il engloutit, comme un homme qui se noie enfin dans sa soif, seul, tout le savoir qui lui a été refusé, depuis les philosophes anciens jusqu’aux mathématiques les plus sophistiquées. Reçu premier à l’examen des ingénieurs mécaniciens en 1917, il remporte sans aucune aide quelconque le concours ouvert par les Forces alliées pour la construction d’un hydravion de haute mer. Il prendra part à la guerre de 1914-1918 en tant que pilote de l’escadrille Dunkerque dont il sera un des rares rescapés. La suite sera celle d’un homme sans illusions, touché par la grâce de la poésie, abattu par l’injustice et la corruption du monde. Maurice Blanchard est l’homme de l’impitoyable ligne droite, et chaque mensonge, chaque dérobade le crucifie.
Il découvrit le mouvement surréaliste en 1929 et publia ses premiers recueils aux éditions Debresse et GLM. Réfractaire à tout embrigadement, sa vie fut une longue dissidence. Comme tous les inclassables, il n’eut qu’un petit cercle de lecteurs. Mais quels lecteurs ! René Char, Paul Éluard, Joë Bousquet, André Breton, Gaston Bachelard, Julien Gracq… Homme des plaines du Nord, marqué au fer rouge par l’Histoire et par une pesante solitude qu’il sublimera par son écriture.