Jorge Camacho est né à La Havane le 5 janvier 1934. Son père est notaire, avocat et historien. À seize ans, il rencontre le poète Carlos Luis qui lui fait découvrir Lautréamont et le surréalisme. En 1950, il abandonne ses études de droit pour s’adonner à la peinture qu’il a commencé de pratiquer en autodidacte un an plus tôt. En 1953, il part un an au Mexique pour y étudier la peinture de Rufino Tamayo ainsi que celle de muralistes comme Diego Rivera. Avec le peintre José Luis Cuevas, il visite les sites mayas. Sa première exposition s’ouvre à La Havane en 1955, avec des tableaux d’une facture à la fois géométrique et symbolique : Camacho développe dès ce moment-là un langage personnel de formes et de signes qui renvoient à un « au-delà de la peinture », pour reprendre l’expression de Max Ernst.
En 1959, après le renversement de Batista, la révolution cubaine lui offre une bourse pour aller étudier en Europe. Il arrive à Paris et fait par hasard connaissance avec un compatriote, le sculpteur Augustin Cardenas, qui lui présente Margarita Ortega, qui deviendra son épouse et partagera toutes ses aventures. Première exposition parisienne en 1960 à la galerie Raymond Cordier. C’est dans cette galerie qu’en 1961, lors d’une exposition de Toyen, qu’il rencontre André Breton, à qui quelques jours plus tard il montre ses tableaux. Jusqu’à l’auto-dissolution du groupe surréaliste en février 1969, Camacho participera avec conviction à toutes les manifestations surréalistes, notamment à la grande exposition « L’Écart absolu ». En 1967, il retourne pour la première et dernière fois à Cuba dans le cadre du Salon de Mai organisé par Wifredo Lam. Il fait la découverte de l’écrivain poète Reinaldo Arenas qui lui ouvre les yeux l’évolution dictatoriale de la révolution. Il n’aura de cesse, dès lors, de railler et de combattre Fidel Castro et son régime, notamment en lançant un appel international à des élections libres qui bien sûr n’auront jamais lieu.
Étude et pratique de l’alchimie, voyages, ornithologie, écoute passionnelle de la musique (du flamenco au jazz en passant par Bach et Erik Satie), photographie, peinture, écriture et traduction seront le lot quotidien et infatigable de Camacho qui, à partir du milieu des années 70, partagera sa vie entre l’Andalousie où il a acquis une maison et Paris. De très nombreuses expositions et publications attestent que si Camacho a développé un langage formel évolutif mais toujours personnel et immédiatement identifiable, à la fois mystérieux et évident, il n’a cessé de rechercher et de trouver dans la proximité de certains poètes et écrivains comme dans la fréquentation de la nature le secret d’une poésie qui transcendait sa propre personne. Il est mort à Paris le 30 mars 2011.
Bibliographie