« Il se délectait beaucoup à faire dans ses chansons des comparaisons avec des bêtes et des oiseaux et des hommes, et avec le soleil et les étoiles, pour dire plus de nouvelles choses qu’un autre n’eût dites… »
Extrait de sa vida « vie poétique », Anonyme, XIIIe siècle
« Parce qu’il a eu son temps de gloire au xiiie siècle, non seulement en pays occitan, mais aussi en Italie, en Catalogne et dans le nord de la France, Rigaut de Barbezieux a longtemps passé pour un épigone des troubadours de la fin du xiie siècle. En réalité, Rigaut de Barbezilh est un cadet de la famille des viguiers de Barbezieux, arrière-vassaux des comtes d’Angoulême. Son activité littéraire se déroule à peu près entre 1140 et 1163. Il est donc contemporain de la fin de carrière de Marcabru et de Cercamon et connaît les débuts de Peire d’Alvernha et de Bernard de Ventadour. Il fait allusion, bien avant Chrétien de Troyes, à la légende du Graal et de Perceval. Sa Vida dit de lui qu’« il se plaisait à faire en ses chansons des comparaisons sur les bêtes, les oiseaux et les hommes, et sur le soleil et les étoiles. Et cela pour trouver des moyens plus nouveaux, des moyens qui n’avaient pas encore été utilisés ». Bon connaisseur de l’Antiquité et de la rhétorique des Anciens, amateur d’Ovide, il intègre à la lyrique courtoise ses curiosités, qui sont multiples. En particulier, il aime évoquer les animaux et donne ainsi une place aux bestiaires dans l’esthétique poétique. Il excelle à envelopper l’expression des sentiments dans ce brillant jeu d’images auquel fait allusion la Vida, et apporte de la sorte un charme nouveau à la poésie troubadouresque. Loin d’être un vulgaire imitateur, Rigaut de Barbezieux se révèle véritable inventeur et occupe une place originale parmi les troubadours. »
« Rigaut de Barbezieux (1150 env.-env. 1215) » par Charles Camproux, Encyclopædia Universalis