“Je suis née dans un pays où l’or ne se trouve plus
que dans les échos perdus des vieux tangos.”
Née à Buenos-Aires en 1931, Virginia Tentindo expose ses premières sculptures à 16 ans, ouvre une galerie d’art à 18 et se lie avec les surréalistes argentins Juan Andralis, Julio Silvia et Victor Chab, disciples du peintre Juan Batlle Planas. Elle part pour Paris en 1953 où elle travaille comme maquettiste, graphiste, illustratrice de livres. Pour le cinéma, elle reconstitue, sous forme de figurines, le Sacre de Napoléon dans le film d’Abel Gance Austerlitz et confectionne la poupée brûlée par l’héroïne du film La Fiancée du pirate, que réalise son amie Nelly Kaplan. Elle revient à la sculpture au cours des années 1970 et, dans ses ateliers du Bateau-Lavoir à Montmartre et de Pietrasanta en Toscane, elle produit une œuvre placée sous le double signe de l’érotisme et de l’onirisme. Son imaginaire fait fond sur les matières les plus indociles – le bronze, l’argile, le marbre – et se déploie dans les directions les plus diverses. Depuis les grandes sculptures, dont certaines mobiles et à transformation, jusqu’aux bijoux finement ciselés en passant par la fabrication de livres objets à tirage bibliophilique, Virginia maîtrise avec un égal bonheur toutes les techniques de la surface et du volume. Son œuvre a été présentée dans plusieurs expositions individuelles et collectives en Europe et dans le monde, comme à Bochum en 1993, lors de l’inauguration du Musée de l’Érotisme à Paris en 1997, à Venise en 2006 et à Tokyo en mars 2016. En 2011, le colloque Chimères surréalistes, organisé à l’Accademia delle Arti del disegno de Florence, lui a rendu hommage. La même année, un film sur sa vie et son œuvre, Minimes innocences, a été réalisé par Fabrice Maze. En dépit – et sans doute à cause – de sa grande discrétion, elle est aujourd’hui reconnue comme une créatrice de première grandeur dans la constellation surréaliste des cinquante dernières années.
Joël Gayraud
Sur la vie et l’œuvre de Virginia Tentindo : Minimes innocences
un film de Fabrice Maze, produit et présenté par Jean-François Rabain, Paris, 2011