Bertran de Born, voilà bien un personnage complexe ! De prime abord, modeste sire – lui-même se dit simple vavasseur – il devient châtelain (dominus, maître de chevaliers) vers 1185 par la grâce du roi-duc Henri II Plantagenêt. Mais il est aussi (et surtout) poète comme le furent avant lui Guilhem, le duc des Aquitains ou Ebles le « Chanteur », vicomte de Ventadour. La poésie pratiquée comme un exercice noble et essentiellement destinée aux cours seigneuriales. Et d’emblée, ce « chant » de Bertran n’est pas passé inaperçu. À côté de quelques cançons (prononcer « cansou ») amoureuses, ce qui a forgé sa réputation, ce sont ses nombreux sirventés, poèmes politiques et/ou guerriers, une sorte de « rap » avant l’heure, mais avec un art consommé de l’écrit et une dimension lyrique remarquable.