« J’élève ainsi la voix, par défi », proclame Miguel Torga (1907-1995), poète-né, poète-né rebelle. Raciné, rauque, prisonnier de la condition humaine, jouant sur sa lyre indocile face aux décrets divins. Dans des poèmes aux titres lapidaires – « Exhor-tation », « Dénonciation », « Examen », « Biographie », « Témoignage », « Prospection »… –, Orphée rebelle restitue son art poétique, sa mythologie personnelle et son « humanisme prométhéen et lyrique ». Certains commentateurs ont vu en Torga « un peu la conscience du Portugal ». Son œuvre à portée universelle (« le local moins les murs »), comme l’a bien vu Eduardo Lourenço, incarne la rectitude, la franchise, la solitude de l’homme, poings serrés, entièrement nu sur le globe terraqué.